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TitreLa Compagnie des Glaces     AuteurGeorges-Jean ARNAUD


Interview de Georges-Jean ARNAUD par Jean-Marie POIROT

J.-M. POIROT : "Comment vous est venue l'idée de départ de la Compagnie des Glaces ?

G.-J. ARNAUD : Je voulais faire un livre "technologique" et montrer la domination qui pouvait en découler. J'ai d'abord pensé à un univers nucléaire puis automobile, et finalement j'ai choisi le train (Je suis un passionné de trains à vapeur). Bien que je ne sois pas au départ un grand fanatique de Science-Fiction (!), j'ai choisi un décor de ce type. Ma première idée était de faire se dérouler l'action sur une planète désertique et / ou marécageuse, mais ma femme m'a conseillé de mettre en place un décor glacé. Elle connaît en effet mon aversion pour le froid et m'a donc poussé à faire des descriptions où tout mon dégoût ressortirait mieux. Elle trouve que j'excelle dans ce que je déteste... Au début, je n'étais parti que pour un livre, mais un très bon article de Libération m'a poussé à en écrire un deuxième, lequel m'amenait à en faire un troisième. Et au fur et à mesure que je fouillais ce monde, des personnages, des lieux me conduisaient à écrire une suite, puis une autre. A un moment, je pensais arrêter mon cycle à vingt tomes, puis à trente. J'en ai écrit soixante deux ! Un soixante troisième est d'ailleurs en écriture.

JMP : Pourquoi y a-t'il eu un tel intervalle entre Les Chroniques de la Grande Séparation (Les Croisés de Mara, Les Monarques de Bi et Lazaret Trois) et le Compagnie des Glaces ?

GJA : C'est un problème d'édition. J'écrivais des livres d'espionnage, des livres policiers et des livres d'angoisse et je voulais faire de la la SF. J'ai donc écrit Les Chroniques de la Grande Séparation, ce qu'au passage mes collègues de Fleuve Noir voyaient d'un mauvais oeil. Et puis j'ai repris mon travail d'écriture habituel. Il faut dire qu'un espionnage me prend beaucoup de temps. Pour être crédible, je dois réunir beaucoup de documentation, et ce temps là, je ne le consacre pas à la SF. Au fait, les Éditions Fleuve Noir vont rééditer les Chroniques et m'ont demandé d'inclure dans le coffret un quatrième tome. Je suis en train d'y travailler.

JMP : Quels sont vos rapports avec la science ?

GJA : J'aime beaucoup plus la fantaisie que la Science-Fiction elle-même. Je ne cherche pas à faire de prospective, je m'essaye à l'anticipation plutôt qu'à la SF. Ce côté anticipation m'a permis d'injecter de l'actualité de notre temps dans mon cycle. Par exemple, les Cellules de Coordination Populaire viennent tout droit du Cambodge dont on découvrait les horreurs de Pol Pot au même moment. De plus, je suis plus intéressé par le monde économique que par le monde scientifique. C'est d'ailleurs ma formation de départ.

JMP : Comptez-vous continuer longtemps d'explorer les Chroniques Glaciaires ?

GJA : Vont bientôt sortir L'Oeil Parasite et Planète Nomade. Je suis en train de créer une mini série dans la grande. Je veux raconter l'histoire de Bulb depuis Ophuichus IV jusqu'à sa rencontre dans la Compagnie des Glaces. D'autre part, les lecteurs que je rencontre me donnent des idées. Ce fut par exemple le cas pour Les Survivants Crépusculaires, mais là, je ne tiens plus compte d'une chronologie.

JMP : Il y a par exemple cet officier demi-roux enfui en Zone Occidentale dont vous n'avez plus parlé.

GJA : Dans la vie, c'est comme ça ! Des gens croisent nos vies et disparaissent. Et puis le Zone Occidentale s'engloutit avec le réchauffement.

JMP : Il faudrait peut-être faire émigrer les Roux vers le Nord.

GJA : La Zone est en effet située au Nord de l'Irlande...

JMP : Y-a-t-il une clé dans le premier tome (La Compagnie des Glaces) comme il y a une clé dans Les Mémoires d'une Femme Française ?

GJA : Il faudrait que je le relise... Une phrase peut-être... En tout cas, c'est sa rencontre avec Yeuse qui crée le déclic chez Lien Rag.

JMP : Avez-vous été contacté pour faire un film à partir de votre cycle ?

GJA : Les droits ont été achetés par la SFP et un producteur indépendant. Ils ont été confiés à Dominique Laurent, producteur, qui a mis en route un programme mêlant l'Italie, l'Allemagne, l'Angleterre et le Canada. À travers le Canada, un scénariste des États-Unis a été contacté, celui qui a fait les scénarios de New-York District Blues. C'est marrant d'ailleurs cette affaire : le contact de Dominique au Canada a trouvé une compagnie ferroviaire canadienne privée qui s'appelle la Compagnie Arnaud ! En principe ce projet devrait aboutir en octobre 2000. Et puis je ne pense pas qu'avec tout l'argent qui a déjà été investi, cette affaire capote.

JMP : Pourquoi y-a-t-il eu des droits si élevés sur le jeu de rôle tiré du roman, droits qui ont tué le jeu ?

GJA : Des droits élevés ? Je n'ai touché qu'un forfait.

JMP : Vous avez créé des émules. Des auteurs se sont inspirés de votre monde pour créer leurs propres oeuvres. Qu'en pensez-vous ?

GJA : C'est vrai que j'ai été plagié. Dans la mesure où cela ne me gène pas et que mon éditeur ne s'y intéresse pas, cela n'a pas d'importance.

JMP : (demande de sa femme) Pourquoi dans certains volumes y-a-t-il tant de sexe ? Est-ce une demande des éditeurs, des lecteurs ou un choix personnel ?

GJA : Cela dépend de mon humeur ! Il y a des fois...


Dernière modification de cette page le Dimanche 21 Novembre 1999